L’expertise de la MSA pour la concrétisation d’un projet.

Afin de pérenniser la présence médicale sur tous les territoires, la MSA participe depuis plus de dix ans à la réalisation – de l’idée au fonctionnement – de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP).

Jacques Biet, directeur adjoint de la MSA Beauce Cœur de Loire et directeur délégué de l’ARCMSA.


Dès le début d’une initiative, elle propose des moyens humains (les services d’un-e chargé-e de mission) et financiers (signature d’une convention) ainsi qu’un accompagnement opérationnel en ingénierie. Elle est aussi à l’écoute du projet de vie personnel des professionnels qui souhaitent exercer une activité libérale. 

La méthodologie de conduite du projet se déploie autour de plusieurs axes :

  • rédaction d’un cahier des charges,
  • rédaction du projet de soins (primaires ou spécifiques),
  • identification d’un « leader » médical (souvent un médecin qui va consacrer du temps à l’organisationnel),
  • soutien de l’équipe tout au long du processus.

La MSA est un relais avec les autres interlocuteurs : pouvoirs publics (régime général, collectivités, agences régionales de santé) pour les questions de financement du bâti, notamment pour les aides spécifiques à l’installation ; avocats pour le statut juridique (la Sisa pour la majorité des MSP) ; architectes pour la conception du lieu (agencement en fonction des spécialités médicales). Ce modèle de conduite de projet est également applicable à la réalisation de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS, Sud 28 par exemple). La MSA reste présente dans la «vie» d’une MSP à travers ses actions éducation thérapeutique (ETP).Tout le processus d’accompagnement est en train d’être modélisé au niveau national ; une boîte à outils sera mise à la disposition des 35 caisses.

L’exercice pluridisciplinaire et la formation des internes.

Dans leur pratique, les professionnels doivent évaluer et formuler les besoins de santé et trouver le parcours de soins. L’exercice repose sur quatre piliers : l’étude de la situation qui va induire ou non une collaboration, l’intention du professionnel, les modalités de l’interaction et la mobilisation des savoirs disciplinaires. Plus le cas est complexe, plus l’interdépendance des praticiens est forte. La concertation, les regards croisés, l’échange d’informations sur l’environnement bio-psycho-social d’un patient ajuste une prise en charge. Pour un interne, l’approche de la coordination peut se faire en stage où sera formalisé l’enseignement et où seront observées les pratiques dans des structures existantes (MSP, Asalée, etc.). Il faut aussi exploiter les stages satellites qui abordent les compétences des autres professionnels. La formation hors stage permet elle d’appréhender les champs de compétence des autres intervenants, d’échanger avec d’autres internes, d’étudier les retours des patients.

Maud Jourdain, maître de conférences et médecin généraliste à Nantes.

Jean-Noël Beïs, professeur de médecine générale et président de la maison universitaire de santé en soins primaires de Chenôve.

ESP, PTA, CPTS, caractéristiques et spécificités.

L’exercice de l’équipe de soins primaires (ESP) est large : prise en charge des personnes vulnérables, soins palliatifs, maintien à domicile ou réponse aux demandes de soins non programmés. Son rôle va au-delà de l’exercice même du métier : réunions, gestion de projets, ajustement des besoins. Pour un projet de santé efficace, il faut y associer les acteurs sanitaires et sociaux. La plateforme territoriale d’appui (PTA) est une interface administrative (anticipation, gestion) qui dégage du temps pour l’exercice des soins. Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) renforcent la cohésion et assurent une juste transversalité des rapports entre les professionnels.

Soins coordonnés, quelle efficience ?

L’intervention a porté sur les résultats d’une étude du dispositif Asalée (action de santé libérale en équipe): la coopération entre médecins généralistes et IDE (infirmiers diplômés d’État) formés à l’éducation thérapeutique (ETP). L’efficience ici ne se mesure pas en termes de coût mais plutôt d’un point de vue qualitatif. La coopération entre les professionnels de santé est génératrice d’une complémentarité (et non d’une substitution) qui améliore nettement la qualité de la prise en charge des patients. Leurs retours sont très positifs. La structure même d’Asalée joue le rôle d’entité tierce qui facilite le travail du binôme: c’est un accompagnement, un appui et une intermédiation.

Denis Raynaud, économiste, directeur de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes).

Prix MSA, une thèse sur l’interprofessionnalité

Thierry Manten, premier vice-président de la MSA, et Laurent Pernoud.

Le CNGE a remis un prix spécial, doté par la MSA, pour récompenser un travail en lien avec la ruralité : la thèse soutenue par Laurent Pernoud (faculté de médecine Jacques-Lisfranc, Saint-Étienne) intitulée Opinion des médecins généralistes sur l’interprofessionnalité en soins primaires, enquête auprès de 281 médecins généralistes libéraux dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Limousin. 

Ses conclusions montrent qu’ils semblent plus favorables à la coopération avec les infirmiers (avec une réflexion sur la création en cours des infirmiers de pratique avancée) et les sages-femmes (suivi gynécologique et contraception) qu’avec les pharmaciens. Pour assurer la continuité des soins dans les territoires, une redistribution des compétences s’affirme. Le rôle des MSP, par exemple, conforte la place de chaque acteur dans la prise en charge globale des patients.