Des départs non compensés

Franchir le pas de l’installation en agriculture est un projet de longue haleine pour rejoindre un métier exigeant des compétences variées. Or, l’arrivée de nouveaux entrants ne compense pas le nombre de départs, alors que leur rôle est indispensable dans tous les territoires pour garantir la souveraineté et la sécurité alimentaire et renforcer le dynamisme des zones rurales.

« Ce n’est pas une question récente, lance Bertrand Coly. Pour autant, il y a un enjeu nouveau d’ordre démographique et en raison des différents défis devant nous – environnemental, social, économique. » Il assure que l’entrée dans ce secteur d’activité a été pensé par la profession agricole, notamment avec le parcours à l’installation (voir également, sur notre site, l’éclairage de Bertrand Coly sur le rapport du CESE).

« La complexité de s’y retrouver »

« Par rapport à la nouvelle donne – porteurs de projets venant d’horizons différents, femmes, personnes non issues du métier agricole…, ces outils-là ont du mal à répondre. D’autres acteurs se sont positionnés sur ces questions et les nouveaux installés disent la complexité de s’y retrouver. » Si l’installation a été pensée, balisée, « la transmission est jusque-là un angle mort. La MSA est au carrefour des acteurs et peut les mettre autour de la table. ».

Autre dimension sur laquelle elle peut avoir un rôle à jouer, l’accompagnement des cédants sur le volet psychosocial : « Il est extrêmement difficile de voir partir dans d’autres mains son exploitation, l’outil qu’on a façonné, et d’imaginer le voir se transformer. Il y a besoin d’un accompagnement. »

« Une business school agricole »

Pour éclairer la problématique de l’arrivée de nouveaux agriculteurs dans le métier, est également intervenue Audrey Bourolleau, cofondatrice du campus Hectar [voir son interview], « une business school agricole. Ce qu’on fait au quotidien, c’est la formation de chefs d’entreprise sur des projets intégrant les dimensions économique, sociale et environnementale ».

Modélisation des structures économiques, réflexion sur la chaîne de valeur intégrant l’amont et l’aval, le temps de travail… Hectar cherche à éclairer les porteurs de projet sur l’aventure dans laquelle ils se lancent. Car, outre le défi de nous nourrir, ces entrepreneurs du vivant vont rejoindre un métier qui se transforme et seront aussi des employeurs locaux, des acteurs économiques et sociaux de leur territoire.

Réflexion sur les conditions de travail

Le campus accueille également un élevage laitier pilote, qui sert de support à une réflexion sur l’amélioration des conditions de travail et la levée des freins au maintien de l’activité d’élevage laitier. « Sur la santé-sécurité au travail, on est en train de travailler avec la MSA Île-de-France. Faire des choix dans ce domaine en s’interrogeant sur ce que ça peut apporter au chef d’entreprise, c’est une question qu’on essaie de documenter. Il y a un vrai besoin de la MSA pour pouvoir organiser la décision. Tous les jours on fait des choix d’investissement économique, il faut pouvoir les objectiver. »

Photos : © Gilles Arroyo/CCMSA Image

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