« Nous avons pensé aux étudiants d’université en situation d’isolement pendant la crise, nombreux à Angers », se rappelle Catherine Guilbaud, agent de développement social local à la MSA de Maine-et-Loire. L’idée de leur faire « changer d’horizon », du nom de l’action mise en place avec les délégués du territoire, le temps d’une journée ou d’un week-end, est très vite adoptée. Ceux-ci peuvent recevoir un, deux ou trois étudiants, pour un ou plusieurs jours, faire découvrir leur métier, le patrimoine local, partager un repas, se balader… chacun propose des activités en fonction de ses possibilités et de ses envies.

De belles rencontres

Avec l’aide du centre communal d’action sociale de la ville, cinq étudiantes ont ainsi passé du temps avec trois élus et leur famille, parmi quinze volontaires exploitants et salariés prêts à ouvrir les portes de leur exploitation ou leur maison.

Début février, Diossy, Gwendoline et Niclette, étudiantes en économie, se sont rendues à Marcé chez Patricia Arthus, élue au comité local Angers 6-7. Cette dernière s’occupe avec son mari de 270 bovins rouges des prés et de 180 hectares de prairies en agriculture biologique. Les trois jeunes femmes, originaires du Congo, de Centrafrique et du Sénégal, souhaitaient découvrir le système de gestion d’une exploitation et partager du temps avec une famille. Elles ont été servies ! Accueil chaleureux, bonne humeur, partie de football avec les enfants, balade en forêt, sensibilisation aux enjeux des métiers agricoles ont animé leur journée. « En nous ouvrant leur porte, on a goûté à leur travail et aux produits dont ils nous ont fait cadeau ! » Un moment d’échange et une rencontre partie pour durer.

On apprend la réalité de la vie de chacun

Fin février, c’est Catherine Bonde, exploitante à Saint-Philbert-du-Peuple, élue au comité local Beaufort-en-Anjou-Longué-Jumelles, qui a accueilli Anna et Mathilde. Installée avec son frère, ils ont 60 vaches, 50 génisses, 32 hectares de maïs en ensilage, 2 hectares de plants de fraisiers, 6 de céréales et 26 de prairies.

« C’était dépaysant et instructif, avec un effet reposant, une sensation d’être parties en vacances mais sur une journée », racontent les deux étudiantes, l’une Angevine, l’autre Allemande. Elles ont participé à la traite, nourri veaux et vaches, visité une chèvrerie et rencontré des arboriculteurs. « Parler de notre métier, des modes de consommation, de leurs attentes… On apprend la réalité de la vie de chacun, les difficultés et les bonnes choses », ajoute Catherine Bonde. Début mars, Anna a bénéficié d’une deuxième journée de découverte avec Claire Le Bronec, déléguée aux Rosiers-sur-Loire, du même comité local, avec qui elle a visité Saumur.

« Malgré des a priori et la crainte de se retrouver seules dans une famille, les étudiantes ont exprimé combien cela a pu les aider à découvrir un autre quotidien, une autre culture. Certains, qui n’ont pas de proches présents sur le territoire et qui n’ont pas de lien avec d’autres camarades, sont demandeurs de ces temps pour sortir de l’isolement, constate Sandrine Samier, responsable de professionnalisation et relation école entreprise à l’université catholique de l’Ouest d’Angers, où sont scolarisées les participantes. Je pense notamment que pour ces étudiants étrangers en mal d’intégration, c’est une vraie opportunité de faire connaissance avec des familles françaises et des acteurs locaux de nos terroirs. »
Un temps bénéfique pour se ressourcer que l’équipe d’action sociale de la MSA envisage de renouveler à l’automne.