Cueillir ou ramasser gratuitement des fruits, des légumes ou des céréales… Le principe du glanage ne date pas d’hier ! À la fin du Moyen Âge, un édit royal du roi Henri II du 2 novembre 1554 encadre pour la première fois cette pratique qui a toujours existé.
Le glanage présente un double avantage : permettre aux ramasseurs d’avoir accès à des produits gratuits et de qualité, en particulier à des légumes frais. Et aux agriculteurs de se débarrasser du surplus qu’ils ne récoltent pas en évitant les repousses qui gêneront les récoltes suivantes. Une solution anti-gaspillage qui profite à tout le monde !
Le glanage solidaire : quelles conditions ?
Cette tradition peut même aller plus loin en faisant intervenir des associations. « Le conventionnement avec une structure locale pratiquant le glanage permet la mise en place d’un dispositif plus encadré et pouvant favoriser l’insertion de personnes en difficulté », définit ainsi le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Les produits, récoltés par des bénévoles, seront donnés à des associations d’aide alimentaire.
Technique ancestrale, elle est autorisée en France, sous certaines conditions. Solaal (Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires) apporte une solution aux professionnels agricoles confrontés à des problèmes d’invendus. Elle crée aussi du lien social avec les associations d’aide alimentaire.
Avec la MSA, qui soutient les populations agricoles et leurs familles au quotidien, elles ont eu l’idée d’accompagner les agriculteurs, les glaneurs et les associations via un guide pratique. Il est également utile pour les caisses de MSA qui souhaitent mettre en place une action solidaire locale.
Conseils juridiques et pratiques, contacts… Ce guide passe en revue toutes les questions que l’on peut se poser.
Anti-gaspi
De nombreux agriculteurs doivent se conformer à des calibrages pour la vente de leurs produits, ce qui contribue à des pertes non négligeables. « Ce sont des produits non commercialisables pour plusieurs raisons : un sous‑calibrage, la fin des commandes de la part de l’industriel ou une récolte non rentable à cause du coût de la main‑d’œuvre. L’objectif du glanage est d’éviter que les légumes ne soient détruits alors qu’ils peuvent nourrir des personnes dans le besoin », explique Antoine Helleboid, agriculteur à Tilcques dans le Pas‑de‑Calais.
Un rôle social
Organiser des glanages a non seulement un rôle anti‑gaspi, mais également social à travers son aspect solidaire. « J’ai souhaité m’engager pour réaliser des glanages car la solidarité fait partie de mes valeurs. J’apprécie également le fait que les produits qui restent dans le champ soient destinés à l’alimentation humaine plutôt que ne pas être utilisés », note Mathilde Vermes, agricultrice à la Ferme d’Ailly (Calvados).
Parfois, ce sont les intempéries ou le temps qui font que les récoltes sont compromises. « En octobre 2021, j’ai proposé un glanage de poires. Nous avions attendu trop longtemps avant de cueillir les poires d’une jeune parcelle et, à cause du vent, les fruits sont tombés au sol. Les industriels ne pouvant pas récupérer des produits terreux, il fallait que les poires soient ramassées rapidement, sans coût supplémentaire, car elles étaient invendables », raconte quant à lui Emmanuel Dalle, agriculteur aux Vergers de Saulty, dans le Pas‑de‑Calais.
Le Guide du glanage solidaire est à retrouver ici.
Le saviez-vous ?
D’un point de vue fiscal, le glanage est considéré comme un don. Les agriculteurs peuvent donc bénéficier d’une réduction d’impôts à hauteur de 60 % du coût de revient (dans la limite de 0,5 % de leur chiffre d’affaires ou de 20 000 euros). La réduction concerne aussi le stockage, le conditionnement et le transport des produits donnés. Depuis 2022, la valorisation des produits doit être clairement indiquée sur les attestations de don.
Photo d’ouverture : © JackF_GettyImages