Comment regardez-vous l’arrivée de nouveaux établissements d’enseignement agricoles ?

Très positivement. Pour affronter le défi du renouvellement des générations, nous avons besoin de toutes les forces disponibles. Que ce soit en métropole ou en outre-mer, ce sont des acteurs essentiels de l’agriculture et des services du monde rural.

C’est une spécificité française que d’avoir des établissements qui forment sur le même site des futurs actifs agricoles et des professionnels du service à la personne. Ils accueillent l’essentiel des métiers que l’on retrouve dans la ruralité. La particularité de l’enseignement public ou privé est aussi d’accueillir dans leur conseil d’administration des professionnels qui ont une vision fine de leur environnement et de leur filière. Ils peuvent ainsi contribuer à créer de nouvelles sections qui répondent aux besoins spécifiques des territoires sur lesquels ils sont implantés.

Sont-ils la seule réponse à l’urgence du besoin de renouvellement des générations ?

© Gilles Arroyo/CCMSA Image

Cela prouve qu’il y a une vraie dynamique, mais le renouvellement des générations n’est pas uniquement lié à la disponibilité des formations. Il est surtout lié à l’accessibilité des entreprises – notamment du foncier – et à un prix de la reprise du capital d’exploitation qui ne soit pas exorbitant.

Un enseignement en prise avec le réel

C’est aussi dépendant de la façon dont on accueille dans la grande famille de l’agriculture les personnes qui ne sont pas issues du milieu. Des établissements comme Hectar peuvent aider par exemple à réfléchir à la meilleure façon de réussir sa création ou sa reprise d’entreprise, mais nos écoles d’ingénieurs agricoles, nos lycées ou nos maisons familiales rurales savent également le faire.

Nous avons la chance d’avoir en France un enseignement agricole intégré au ministère de l’Agriculture, plus en prise avec le réel et pas noyé dans l’immensité de l’éducation nationale. C’est une vraie chance pour le monde agricole dans son ensemble.

Pourquoi la MSA souhaite renforcer sa place dans les cursus ?

La protection sociale en France, c’est 33 % du PIB. Que chacun d’entre nous, lorsqu’il sort d’un cycle de formation, ne soit pas informé de son rôle et de l’utilité de ses cotisations est une aberration. Il faut expliquer aux futurs actifs que, s’ils tombent malades ou subissent un accident, ils seront pris en charge et que la solidarité collective jouera pleinement son jeu. Il faut rappeler que les cotisations servent à améliorer le quotidien des habitants des zones rurales en contribuant à construire des crèches, à faire fonctionner les maisons France services ou à investir dans la santé et la sécurité au travail. Nous avons la particularité d’offrir à nos adhérents une protection sociale de proximité sur les territoires ruraux dans un secteur avec des risques et des besoins spécifiques.

Combien sortent de leurs études sans avoir eu une information sur les contrats de travail, sur les relations employeur-salariés ? Il leur faudra tout apprendre sur le tas. Préparer à la vie active, c’est aussi expliquer comment on remplit un arrêt maladie ou une feuille d’impôt. Il est également important de faire comprendre l’intérêt de ce que peut apporter leur sécurité sociale en termes de prévention des risques professionnels ou de présence sur les territoires.

La MSA est là aussi pour venir en aide aux personnes en situation de mal-être. Quand on fait ça, c’est pour sortir les gens d’une situation difficile, mais ce qu’on souhaiterait, c’est de ne pas être simplement dans le curatif en apportant en amont aux jeunes des outils pour activer l’ensemble de leurs droits ou faire face aux moments difficiles.

Photo d’ouverture : © Franck Beloncle/CCMSA Image.