On avait croisé les gagnants de l’appel à projet jeunes (APJ) de la MSA, en mars dernier, au moment de la remise des prix, lors de la clôture du Salon de l’agriculture. Une rencontre marquante tant la présentation en chanson sur l’air du Roi Lion de leur projet de camp ado itinérant sur la piste du fromage dans le bocage ornais a obtenu l’adhésion du public et du jury.

En plus du premier prix, ils ont décroché la palme de la bonne humeur. On les a quittés des étoiles plein les yeux et un joli chèque en poche (cf. Fondus de fromage et de solidarité).

On les retrouve, plus d’un mois plus tard, sous la pluie, dans leur petit coin de paradis normand, avec ce même enthousiasme et cette énergie communicative qui sont les marques de fabrique du mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC).

La filière laitière et ceux qui la font vivre

Cette fois, pour leur périple à vélo organisé du 7 au 14 avril, ils sont accompagnés par 14 collégiens, bien décidés à découvrir la filière laitière et les hommes et les femmes qui la font vivre. Autant de jeunes qui ne regarderont plus le chocolat au lait du matin de la même façon, après un voyage riche en rencontres avec des éleveurs ravis de faire découvrir leur métier et fiers de faire goûter leurs produits. Avec le vêlage surprise d’une vache, la semaine commence fort. De quoi plonger d’emblée tout le monde dans la réalité du monde agricole, qui ne compte pas ses heures ou ses nuits blanches. Une expérience inoubliable pour les élèves qui ont assisté à la naissance de Pépito, le nom qu’ils ont donné eux-mêmes au veau en hommage à sa robe couleur chocolat. Une boule de poils fragile affublée de grands yeux à croquer. Une vie nouvelle, juchée sur quatre pattes potelées, en même temps que la promesse d’un lien ancestral renouvelé entre l’éleveur et ses animaux. Le signe que malgré les crises, la filière a encore de beaux jours devant elle.

Avant d’être consacré au niveau national, dans le cadre de l’appel à projets jeunes, le MRJC de l’Orne a été choisi au niveau local par la MSA Mayenne-Orne-Sarthe pour son camp de collégiens « Fromages et territoires ». Grâce à ces récompenses, les organisateurs ont réduit au minimum la participation des familles au financement du camp. Ils ont investi aussi dans du matériel flambant neuf, notamment des tentes et une douche solaire. « Cela nous permet également de payer les frais engendrés par le minibus, mis à notre disposition par le club de handball local », assure Valentin, animateur permanent du MRJC de la Ferté-Macey (Orne). La camionnette a servi à transporter le matériel de camping entre chaque halte, les déplacements se faisant à la force des mollets. En plus de Valentin, l’encadrement est assuré par quatre animateurs : Delphine (qui travaille à la Chambre d’agriculture de Caen), Octave (designer), Élise et Mathis (en service civique). L’aventure, en alternant les visites d’exploitations et les journées de balades à vélo, a donné aux jeunes une vision globale de la filière.

Élevage, traite, transformation du lait, commercialisation en circuit court ou grande distribution, fermes bio ou conventionnelles, transformation sur place ou externalisée, appellations d’origine contrôlée ou protégée : l’aventure, en alternant les visites d’exploitations et les journées de balades à vélo, a donné aux jeunes une vision globale de la filière. À chaque halte, des jeux et des activités sur la thématique du lait ont été proposés. « Ils ont à chaque fois pour but d’amener les collégiens à réfléchir sur le contexte humain et socio-économique de la filière et, en tant que consommateur, à leur impact sur l’environnement. Plus globalement, ils sont l’occasion d’aller à la rencontre de ceux qui nous nourrissent, dans leur diversité et toujours sans jugement », assure Delphine. « Qui est le premier producteur de lait ? Quelle est la place de la France dans le classement mondial ? Sous quelle forme échange-t-on le lait au niveau international ? » Ces champions en herbe ont à chaque fois trouvé les bonnes réponses : l’Inde, cinquième et en poudre. Et c’est aussi le palais de ces jeunes que les organisateurs ont souhaité affiner en servant un fromage différent à chaque repas : pâte molle, pâte dure, lait cru ou pasteurisé, lait de vache, de brebis ou de chèvre. L’accent a également été mis sur l’autonomie car les ados préparent eux-mêmes les repas à tour de rôle selon une savante rotation.

Holstein et Simmental

Aujourd’hui, c’est l’équipe Livarot qui a été chargée de la préparation des repas tandis que Camembert est de corvée vaisselle. « Nous avons aussi cet objectif pédagogique d’apprendre la simplicité et osons le mot : la frugalité. On a besoin de peu pour apprendre, s’amuser et se faire des amis », assure Valentin. On remarque au passage que même si le smartphone est présent, il se fait rare au sein du camp. « On n’interdit pas mais on régule », poursuit-il. Mais il faut bien rassurer les parents, certains séparés de leur rejeton pour la première fois…

« La petite troupe a planté ses tentes deux nuits chez nous, explique Stéphane Mesnil, éleveur au sein du Gaec de la Trébisière à Magny-le-Désert dans l’Orne. Je trouve ces jeunes culottés d’avoir mis sur pied ce circuit de découverte fromages et territoires. Je suis ravi qu’ils sortent de leur quotidien en découvrant nos fermes. Ils ont goûté les produits issus de notre atelier de transformation : yaourt, crème dessert, riz au lait et fromage blanc et ont même pu mettre un peu la main à la pâte. Nous sommes les meilleurs ambassadeurs de nos métiers. Des professions très riches. De même qu’on vient d’accueillir un jeune de 19 ans au sein de notre Gaec, qui a impulsé la création d’un atelier de transformation dans notre ferme. En accueillant cette jeunesse, on s’ouvre le champ des possibles et peut-être va-t-on aussi créer des vocations. » Ce ne sont pas ses 60 vaches croisées Holstein et Simmental qui meugleront le contraire.

Pour en savoir plus

L’appel à projet jeunes de la MSA


Texte et vidéos : ©Alexandre_ROGER/leBimsa
Montage vidéo : ©Alexandre_ROGER/leBimsa
Photos : ©Alexandre_ROGER/leBimsa et ©MRJC