Thierry Bailliet, agriculteur et influenceur d’aujourd’hui

Qu’est-ce qui fait courir Thierry Bailliet l’agriculteur d’au­jourd’hui ? La question traverse l’esprit devant le nombre de canaux utilisés pour reconnecter le grand public aux agricul­teurs et à leur agriculture. Un site Internet complet, un livre, un long repor­tage, une chaîne YouTube, une page Facebook, un compte Twitter, Instagram et bientôt, annoncée pour le Salon inter­national de l’agriculture 2023, une application… tout semble être bon pour raconter, montrer et expliquer le monde agri­cole, les machines, les cultures, les techniques de travail. Intarissable sur ces sujets, l’agri-influenceur semble se plaire à pousser tou­jours plus loin ses limites et ses curiosités « paragricoles », selon ses mots. « Si je n’éprouvais pas de plaisir à faire tout ça, confie-t-il, j’aurais arrêté il y a longtemps. »

Thierry Bailliet fait ses premiers pas dans le monde des influenceurs.

La publication du livre Dans les bottes de ceux qui nous nourrissent (éditions France agricole), en novembre 2020, illustre la place accordée à son développement personnel. « Le bouquin fait partie d’un défi que je me suis lancé. Je me suis dit : si je n’ai pas écrit un livre avant 50 ans, j’ai raté ma vie, raconte-t-il, la voix espiègle, un brin amusé par son clin d’œil à l’inoubliable Rolex du publicitaire Jacques Séguéla. Si on veut laisser une trace dans l’histoire, il faut avoir réalisé des choses. C’est entre le challenge personnel et l’intérêt de la cause agri­cole. » Il peut donc se rassurer : sa vie est réussie.

« On utilise les réseaux sociaux pour communiquer. J’ai essayé de faire un livre, un reportage et maintenant je mets au point une appli. »

Au début de l’aventure : une affaire de harcèlement

Au commencement de l’aventure de la communication sur les réseaux sociaux, il y a une affaire de harcèlement dont son fils est victime au collège, en 2013, parce qu’il trouve le métier d’agriculteur « beau et respectable ». Après ce fait de violence, Thierry Bailliet, en papa indigné, se filme face caméra pour lancer son projet d’exposer à la vue de tous ce que les agriculteurs font, leur savoir-faire, décrire les productions, les outils, les techniques « sans tabou afin que les gens comprennent ». Sur ce clip-là (ci-dessous), le ton est hésitant, empreint d’émotion. Ce sont ses premiers pas dans un univers – le marketing digital – dont il ne connaît pas encore les ficelles. À l’époque, il s’agissait juste de lancer un blog. Aujourd’hui, l’aisance est là. Il est devenu un influen­ceur notoire, ayant acquis une bonne puissance d’action et de communication.

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Dans le milieu agricole, il fait partie des pionniers. « Les réseaux sociaux et YouTube n’avaient pas la même portée en 2013. Il n’y avait personne dessus. Maintenant le nombre d’agriculteurs sur la plateforme vidéo est colossal. J’en connais plus de vingt qui ont plus de 10 000 abonnés. Je fais partie des personnes qui en ont motivé d’autres et qui ont ouvert la voie. » La diversification des canaux peut se com­prendre aussi à l’aune de ce contexte de rude concurrence.

Une appli en mode rendez-vous en terre agricole

Avec l’application, baptisée comme le livre Dans les bottes, la boucle est bouclée avec le moment où il s’est lancé, il y a une dizaine d’années, dans l’explication du monde agri­cole parce que celui-ci le mérite et qu’il a toutes ses chances d’entrer dans le cœur des Français vu ses qualités, narrées à longueur de clips, de photos, de live, de tweets. Après tous ces préliminaires numériques, télévisés, culturels, place à la rencontre physique, dans la vraie vie.

Via ce programme, il est question maintenant de laisser le virtuel pour ce qu’il est (information, communication, chat) et de partager de réelles, riches et fortes expériences façon Airbnb, à l’intérieur d’une exploitation, transformée pour l’occasion en maison d’hôte ou d’activité de loisirs. Immersions en salle de traite, visites de ferme, découvertes d’activité sont autant de propositions qui s’annoncent inoubliables pour le grand public. Au prin­temps, si Thierry Bailliet parvient à réunir les fonds pour déve­lopper ce nouveau projet, il faut s’attendre à voir débouler sur La Toile ce « Meetic et Tinder de l’agriculture », parole d’un influenceur qui entend marquer son temps.

Photos © DR