Au lieu-dit La Boissière, après le château, suivez le chemin arboré qui longe un petit ruisseau et vous arriverez sur la ferme d’Annick Poulard et de son mari. « Venez me rendre visite, vous aurez le coup de cœur ! » Cette fille d’agriculteurs a – tout comme ses deux sœurs – hérité de la passion de ses parents. Si elles n’ont pas repris les terres familiales, elles ne sont pas parties bien loin pour autant.

Une vie engagée

Après s’être installé une première fois à Saint-Céneré, son mari, éleveur de vaches allaitantes et naisseurs en production porcine, reprend en 1989 l’exploitation d’un berger à Montjean et doit tout reconstruire une nouvelle fois. Mais dans ce village d’environ 1 000 habitants, ils ont trouvé leur petit coin de paradis. Depuis, suite à un accident, ils ont décidé d’arrêter l’élevage bovin pour se concentrer sur les céréales. « Il faut toujours savoir rebondir dans la vie. » C’est la philosophie de vie de l’élue de la MSA Mayenne Orne Sarthe.

Une résilience qui se manifeste également par un engagement sans faille pour les autres et pour son territoire. Elle s’engage naturellement en donnant une chance à des jeunes en difficulté d’abord, en tant que famille d’accueil depuis 1985, dans le milieu associatif par ailleurs, notamment auprès de Familles rurales depuis 1989. Avant d’aller plus loin, en s’investissant au conseil municipal où elle réalise trois mandats, et en rejoignant les rangs des délégués MSA en 2000. Elle devient administratrice en 2010 puis présidente départementale en 2015.

Annick Poulard élue MSA Mayenne agricultrice
Annick Poulard a également travaillé au service de remplacement local.


Participer à la vie de son territoire, préserver l’agriculture et défendre le régime de protection sociale agricole sont ses principaux buts.

« Je ne me vois pas sans rien faire, et tout m’intéresse ! Le lien social c’est important, surtout dans les campagnes, et notamment pour les femmes d’agriculteurs ; si on attend les autres, on peut attendre longtemps… Et on a vraiment à y gagner, personnellement, psychologiquement… on apprend des tas de choses et on fait de belles rencontres. »


Nourrir l’espoir

Avec la MSA, Annick Poulard s’investit avec force dans la prévention du suicide. « Sur mon canton, le pays de Loiron, nous avons créé un réseau de veilleurs pour prévenir les situations de mal-être, accompagné par les travailleurs sociaux de la MSA. J’ai moi-même suivi des formations. Nous avons également lancé en mars 2022 une campagne de prévention appelée « Nourrir l’espoir » avec l’association sarthoise Dites je suis là et tous les partenaires tels que Solidarité paysans, la chambre d’agriculture ou Cops53 (Collectif pour la prévention du mal-être et du suicide). » Dans ce cadre, une soirée théâtre-débat a eu lieu le 7 décembre dernier : 92 personnes sont venues assister au spectacle Après la pluie de la compagnie Les chercheurs d’arts.

À 61 ans, la Mayennaise trouve encore de nouveaux challenges à mener. L’année dernière, elle est devenue deuxième vice-présidente de l’Udaf53 (Union départementale des associations familiales) et présidente du Pôle régional du handicap de Saint-Saturnin, dans la Sarthe, qui regroupe le centre de rééducation de l’Arche et la maison d’accueil spécialisée Handi-Village.

Prochain défi, et pas des moindres : assurer le renouvellement des générations lors des prochaines élections MSA. « Il faut aller chercher les jeunes aujourd’hui car ils ont du mal à s’investir et ont tendance à s’isoler. Ils sont pourtant indispensables pour promouvoir l’action de la MSA et garantir la pérennité de notre régime. »

ON SE DIT TOUT…

Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?
La joie de vivre, ma famille, mon travail et les vacances !

Que sont devenus vos rêves d’enfants ?
Après avoir été salariée, j’ai réalisé le mien, être agricultrice. Je suis fière de ce beau métier, sa diversité, l’environnement, le cadre de vie… J’y ai même attiré mon mari.

Quels sont vos plaisirs favoris ?
D’abord ma famille – mon mari, mes trois enfants et bientôt sept petits-enfants – et rire, chanter, danser. Il faut rester jeune dans sa tête.

► Et si c’était à refaire ?
Je referai sans hésitation. La vie est belle, plus belle la vie !