L’agriculture, principale activité économique
Avec 30 communes et 22 375 habitants au 1er janvier 2021, la communauté de communes COCM née de la fusion, en 2017, de trois intercommunalités, offre un cadre de vie agréable et diversifié. Elle concentre la plus forte proportion de population agricole du centre du département (18 %), et diverses productions (maraîchage, ostréiculture, élevage, agroalimentaire…) qui font de l’agriculture sa principale activité économique. Autre particularité : pas de grande zone urbaine, la commune la plus importante – La Haye – accueille environ 4 000 habitants.
Sur ce territoire nouvellement constitué, une politique enfance jeunesse parentalité et des objectifs éducatifs en lien avec les partenaires locaux se sont progressivement mis en place.
Pour un accès aux mêmes services et prestations
« La charte proposée par la MSA Côtes Normandes est arrivée au bon moment, indiquent Rose-Marie Lelièvre, vice-présidente de la communauté de communes en charge de l’enfance, la jeunesse et la parentalité, et Karine Guesnon, coordinatrice des politiques enfance jeunesse. On n’avait pas eu le temps de réévaluer les projets éducatifs locaux des trois anciennes communautés de communes (Périers, La Haye et Lessay). La fusion avait entraîné une perte de repères et engendré une réorganisation de la gouvernance. Le projet coanimé avec la MSA nous permet de requestionner l’offre de services à destination des familles, leurs besoins grâce un diagnostic sur le territoire. Les élus étaient favorables à une harmonisation de cette offre sur l’ensemble du périmètre de la nouvelle communauté de communes pour que les familles aient accès aux mêmes services et prestations. Ils ont approuvé sans difficulté cet engagement. »
Michèle Brochard, élue en charge de la cohésion sociale, travaille activement à la réflexion dans le groupe de travail diagnostic. Henri Lemoigne, président de la communauté de communes, soutient la démarche. Il souhaite développer des services de proximité, accessibles à tous et permettre le bien vivre ensemble. Pour cela, il est attentif à ce que les habitants et les acteurs locaux y soient bien associés.
Quatre champs d’intervention privilégiés
Comme toute charte MSA, la première étape consiste à établir un diagnostic sur la base d’une enquête menée auprès des familles et la collecte de données auprès des acteurs locaux afin d’identifier les forces, les faiblesses et les besoins prioritaires, et définir des champs d’intervention à privilégier.
« Nos travaux ont démarré en septembre 2018 (premier comité de pilotage) et en mars 2019 s’est tenue la première réunion du groupe diagnostic, précise Virginie Féron Lecocq, animatrice territoriale, qui conduit le projet pour la MSA avec Marion Lesouef, assistante sociale. Un groupe diagnostic de 25 personnes a formé cinq groupes pour le recueil de données et la restitution aux personnes concernées : professionnels et bénévoles du social, professionnels et bénévoles de l’éducation et de la médiation, familles, vie locale et socioculturelle, élus. »
Ils sont allés au contact des familles sur les marchés, lors de fêtes et de manifestations locales, à la rencontre des communes pour des réunions avec les secrétaires de mairie, les maires, les CCAS afin de recueillir avis, besoins et demandes. En sont ressorties quatre thématiques : trouver de l’information, de l’aide dans mes démarches ; être bien sur ma commune avec et pour les autres ; agir avec et pour les familles ; faire ensemble pour un territoire dynamique.
Maintenir la mobilisation, malgré la crise sanitaire
Alors que le partage de ce diagnostic devait être l’occasion d’un moment festif et convivial, la crise sanitaire et les périodes de confinement ont contraint les animateurs de la charte à revoir leur copie.
« Il a fallu se projeter, inventer de nouvelles façons de faire… et se résoudre à réaliser les étapes suivantes sous un format numérique, précise Virginie Féron Lecocq. Nous avons utilisé de nouveaux outils en étant attentifs à ce que chacun prenne la parole et participe, et en recourant à des formats courts. » En accordant aussi du temps aux particuliers et aux acteurs associatifs locaux afin de leur faciliter la prise en main de solutions collaboratives numériques qu’ils n’avaient pas l’habitude d’utiliser, pour ne laisser personne au bord de la route et maintenir l’élan de mobilisation né au démarrage de cette logique coopérative et participative. « Tout le monde a apporté sa patte, les idées ont fusé pour s’adapter, pointe Karine Guesnon. À plusieurs, on est plus créatifs et on trouve des solutions. »
Une page Web dédiée a notamment été mise en ligne sur le site de la communauté de communes expliquant les différentes étapes de cette démarche de développement social local. Pour donner la parole aux familles afin qu’elles émettent leur avis sur les besoins qu’elles estiment prioritaires, le choix a été fait d’un vote en ligne, proposé à l’issue d’une vidéo (voir ci-dessous) rappelant les objectifs du projet. 531 personnes se sont ainsi exprimées pour prioriser les attentes issues du diagnostic.
Des initiatives en faveur des jeunes
Où en est-on aujourd’hui ? À la suite de ce vote, des groupes de travail se sont organisés autour des quatre thématiques retenues. Ils se réunissent actuellement par visioconférence. Objectif : mettre en place un plan d’action à la rentrée. « Pour chaque groupe, nous avons proposé aux votants de travailler avec nous. Une vingtaine de familles sont partantes, se réjouit Virginie Féron Lecocq. Des élus MSA ont également répondu présent. » Cinq propositions par groupe de travail sont attendues ; soumises au comité de pilotage, elles seront à valider en conseil communautaire pour un lancement en septembre.
Si on ne peut pas préjuger des initiatives qui verront le jour, les acteurs planchent notamment sur des actions en faveur des jeunes car l’inquiétude des familles est patente quant au décrochage scolaire, à l’avenir, à l’élaboration d’un projet de vie, aux possibilités de formation et à la difficulté de trouver un emploi. La réflexion amorcée sur la coéducation avec l’ensemble des acteurs qui œuvrent autour de l’enfant – Éducation nationale, associations sportives, culturelles, de loisirs… – et avec les familles trouvera un écho pour permettre de favoriser ensemble la réussite des enfants et des jeunes.
Pour la petite enfance, même s’il y a peu de crèches et de micro-crèches, l’offre est importante et répond au quotidien des familles « pour l’accueil individuel avec les assistantes maternelles et en matière collective avec sept maisons d’assistantes maternelles (et deux en cours de création) dont la communauté de communes a favorisé la création en les soutenant financièrement, signale Rose-Marie Lelièvre, en contrepartie du respect d’un cahier des charges pour offrir un accueil de qualité. » La charte a cependant fait naître une réflexion pour les enfants après trois ans, avec un équipement structurant à l’étude.
La participation de tous pour « faire territoire »
Autre sujet de préoccupation : la vie associative, très active mais mise à mal en raison de la crise sanitaire. Les acteurs s’interrogent quant à l’engagement et au bénévolat au sortir de celle-ci. Pour les associations fonctionnant avec des professionnels, s’invitent en outre les préoccupations d’ordre financier.
Si la mobilité est aussi un thème prégnant en milieu rural, elle ne sera pas traitée en tant que telle dans le cadre de la charte car la communauté de communes s’en était déjà saisie via un diagnostic puis la création d’une plateforme mobilité pour proposer des solutions.
« Le temps consacré à la mobilisation de tous au démarrage nous a permis d’associer des personnes qui n’avaient pas l’habitude de se rencontrer ou de travailler ensemble, note Virginie Féron Lecocq. Que ce soit au sein des groupes de travail ou sur le terrain avec les acteurs en lien direct avec les familles Et, malgré le contexte, la dynamique s’est poursuivie. » Même son de cloche du côté de Karine Guesnon : « Nous nous sommes découverts les uns les autres, à travers des échanges fructueux et des réunions participatives où la parole était libre. La démarche a permis d’embarquer tout le monde. Une association de tous qui va nous permettre de faire territoire ».
Martine Hébert, présidente de l’échelon local d’Agon-Coutainville/Créances
Notre territoire est très rural, sans grandes villes, et accueille une large palette d’activités agricoles – ostréiculture, maraîchage, agroalimentaire… Il offre également des paysages très diversifiés : marais du Cotentin avec leurs faune et leur flore, littoral et plages, nombreuses voies vertes pour un cadre de vie, apaisant, ressourçant. J’y suis déléguée MSA depuis 1995.
La charte avec les familles représente un projet très intéressant pour ce secteur isolé au centre du département. La participation aux travaux du comité de pilotage permet de prendre conscience des besoins exprimés par les familles en termes de structures adaptées à leurs besoins, de jardins publics, de lieux animés, de manifestations culturelles… et de chercher des solutions pour y répondre. D’autres élus de l’échelon local sont investis sur les différents groupes de travail thématiques. Certains d’entre eux – un cidriculteur, la maison familiale rurale de La Haye, une agricultrice proposant des produits locaux… – nous ont rejoints à l’issue des élections 2020.
Le groupe de l’échelon local fonctionne bien, ce qui a permis en quelques années de nombreuses réalisations. Parmi celles-ci : les Instants santé, Solidarité transport – service créé sur de nombreux territoires à l’initiative de la MSA Côtes normandes, qui met en relation des personnes de condition modeste ayant besoin de se déplacer ponctuellement avec des chauffeurs bénévoles, une «Rando info» pour échanger à l’occasion d’une marche et informer les participants sur l’importance du dépistage du cancer colorectal, la participation à l’organisation d’une conférence sur la vaccination en partenariat avec l’Agence régionale de santé. Nous avons aussi proposé une journée sur une exploitation relative aux risques liés à l’utilisation d’engins télescopiques, des formations pour apprendre les gestes de premiers secours ou pour établir le document unique d’évaluation des risques professionnels. Plus récemment, une vidéo «Au travail, cultivons l’optimisme» a été créée, rassemblant des saynètes réalisées avec des salariés du tertiaire agricole afin d’évoquer les conditions de travail, le stress et les réponses possibles à celui-ci.
Après l’arrêt lié à la crise sanitaire, on a hâte de reprendre…
Également sur notre site
Dossier sur la MSA avec les familles.
22 Vla la charte. Reportage sur le bassin de vie de Buzancy, dans les Ardennes.