En quoi le redéploiement de gendarmes répond-il à la notion de service public ?
Le redéploiement des forces de la gendarmerie répond aux besoins exprimés par les populations et par les élus. Le rapport des députés Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot de 2018 mettait le doigt déjà sur un besoin de proximité dans certains territoires. La population avait l’impression qu’il y avait moins de liens, de contacts et pas suffisamment de présence des gendarmes. Ce constat est arrivé à un moment où un certain nombre de services publics avaient quitté les zones rurales.
L’idée s’est fait jour de renforcer les territoires par la création de nouvelles brigades qui permettraient en fait aux gendarmes d’être au plus près de la population et de répondre aux attentes des élus. 239 brigades vont être créées d’ici 2027. Cela signifie des effectifs supplémentaires de gendarmes pour venir armer ces nouvelles unités. Au total 2 144 gendarmes vont être recrutés pour ça. Chaque année, seront créées entre 30 et 50 unités pour atteindre notre objectif de 2027.
Cela implique de nouvelles formations ?
Ce n’est pas à mettre en lien avec la création de ces unités. Des gendarmes sont recrutés et formés chaque l’année. La formation initiale généraliste peut être complétée par des spécialisations. Par exemple on a déjà 3 500 gendarmes formés sur les atteintes à l’environnement et 10 000 spécialistes en cybersécurité.
Les compétences, nous les possédons déjà. Maintenant l’objectif est de pouvoir créer ces unités et d’y affecter les gendarmes qui correspondent aux besoins exprimés localement.
La délinquance est-elle en hausse dans les zones rurale ?
Certaines formes de délinquance ont évolué, comme le trafic de stupéfiants. On assiste à un déplacement de certains trafiquants qui pensent se mettre à l’abri en territoire rural. Sauf qu’en zones rurales, les gens se connaissent bien. La personne attire vite l’attention. On a aussi des formes de culture de cannabis « indoor » qui se répandent. Les gens le cultivent dans des maisons aménagées pour que la culture soit à l’abri des regards.
Qu’en est-il des atteintes aux personnes ?
Les atteintes aux personnes sont diverses en zone rural et les gendarmes luttent quotidiennement contre en tout point du territoire. Outre les violences intra-familiales qui ont malheureusement une part importante de ces atteinte, on observe un phénomène croissant d’agression envers les élus. Souvent en première ligne parce qu’ils ont des équipes municipales moins dimensionnées qu’en ville, ils sont régulièrement insultés, notamment sur les réseaux sociaux, et ça peut aller jusqu’à l’agression physique. La Gendarmerie reste très mobilisée sur ces atteintes.
Les agriculteurs sont-ils aussi victimes ?
C’est moins significatif. Mais nous y sommes très attentifs. Nous encourageons tous ceux qui pourraient avoir des problématiques ou des difficultés à les signaler à la gendarmerie. Parfois ils vont se faire voler quelque chose mais ils vont renoncer à porter plainte. Or nous ne pouvons pas lutter contre ça si nous n’avons pas cette information. Il existe des gendarmes référents sûreté ou correspondants sûreté dans les unités. Ils sont aussi à l’écoute des besoins des agriculteurs, notamment pour les conseiller en matière de sûreté pour la protection de leur exploitation et leur matériel. Ils proposent des diagnostics gratuits.