Dépister/tracer/isoler : c’est le plan de bataille annoncé par le gouvernement pour casser les chaînes de contamination depuis le déconfinement. Dès le 13 mai, des brigades sanitaires sont chargées, dans un premier temps, de repérer les personnes atteintes par le coronavirus, asymptomatiques ou non. Puis de tracer les différents contacts intra et extrafamiliaux de la personne infectée, et de les inviter à se faire dépister. Les sujets testés positifs doivent alors se confiner, sur une durée de 14 jours.
Les médecins traitants et établissements de santé assurent la prise en charge des patients : prescription des tests virologiques, recueil des consentements concernant la divulgation de l’identité aux personnes contacts, enregistrement des informations concernant l’entourage proche dans le téléservice en ligne «Contact Covid», accessible depuis amelipro (niveau 1).
À partir de ce dossier, les plateformes de l’assurance maladie contactent le patient positif : elles répertorient avec lui leurs contacts hors domicile, les appellent par téléphone afin de leur signifier les consignes de quatorzaine, leur demandent d’aller faire un test, délivrent un arrêt de travail si nécessaire (niveau 2).
L’agence régionale de santé (ARS) identifie les chaînes de transmission sur son territoire et détecte les foyers (clusters). Éventuellement, elle propose la mise en œuvre de mesures de contrôle spécifiques : crèches, milieu scolaire, rassemblements, campements, etc. (niveau 3). Les MSA interviennent aux niveaux 2 et 3 du dispositif.
Une détection de fragilité
Ainsi, pour le niveau 2, sur le périmètre des MSA d’Armorique et Portes de Bretagne, les caisses se mobilisent (direction, agents dont l’encadrement) pour assurer la transmission des coordonnées médiatiques (téléphone, mail) des assurés MSA aux plateformes des caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), de 8h à 19h, sept jours sur sept. Pour la période estivale, avec l’afflux de population et les congés des agents, des équipes de la MSA se portent volontaires pour une mise à disposition renforcée.
C’est aussi dans ce cadre que la MSA, forte de son guichet unique, peut activer son offre sociale. « Les enquêtes réalisées et les mesures à prendre pour les personnes malades et les cas contacts peuvent se heurter à des situations sociales fragiles parmi nos ressortissants, détaille Patrick Morvan, médecin chef régional des MSA bretonnes. Nous proposons une articulation avec le service social. Une détection de fragilité par un enquêteur de la brigade Covid-19 peut donner lieu à un signalement à la MSA, sous réserve d’accord de l’adhérent. »
Quant aux cas groupés (niveau 3), des équipes de réponse rapide multidisciplinaire de l’ARS, en lien avec la cellule régionale de Santé publique France, s’en chargent. C’est ce qui s’est produit début mars lors du cluster d’Auray, dans le Morbihan – avec l’appui de trois médecins-conseils et un médecin du travail de la MSA Portes de Bretagne – et sur celui de l’abattoir de la société Kermené lors d’un dépistage de masse dans les Côtes-d’Armor, en mai. Là encore, trois praticiens et une infirmière de santé-sécurité au travail de la MSA d’Armorique prêtent main-forte pendant deux jours.
Les «coronettes»
Du côté du Grand Est, région la plus touchée par la crise sanitaire, l’engagement auprès de l’ARS éponyme se fait très en amont. L’association régionale des caisses de MSA du Grand Est signe une première convention le 25 mars. « La MSA est volontaire pour accompagner l’organisation des soins mais la mise à disposition n’est pas activée par l’ARS, sauf dans les Vosges », indique Jean-Louis Deutscher, médecin-conseil chef de la MSA Lorraine et coordonnateur au niveau régional.
Il voit dans le surcroît de travail des agents de l’organisme chargé localement de la mise en œuvre de la politique de santé, la raison de cette inexploitation. Cependant, le travail accompli avec la délégation territoriale des Vosges permet de repérer les bonnes initiatives, en vue de les mutualiser. Telle celle déployée par les «coronettes», ces infirmières qui utilisent rapidement les fonctionnalités d’une messagerie instantanée pour assurer la permanence des soins auprès des personnes âgées à domicile.
Autre atout de cette première étape et de la participation aux différentes instances, la remontée précoce des attentes des professionnels de santé, des institutionnels et des usagers en matière de sortie de crise Covid-19. Six semaines après la première, une deuxième convention de mise à disposition est signée avec l’ARS Grand Est pour répondre à la stratégie de dépistage et de contact-tracing (niveaux 2 et 3).
Elle concerne une trentaine de collaborateurs. Mais au-delà, toujours sous l’égide de l’agence régionale de santé, la MSA Lorraine déploie un dispositif spécifique d’accompagnement du déconfinement. « Nous avons adapté nos programmes d’éducation à la santé familiale [ESF] et d’éducation thérapeutique du patient [ETP], explique Gladys Cappella, responsable administrative du contrôle médical, de la prévention santé et de l’organisation des soins à la MSA Lorraine. Nous les proposons à nos partenaires via les contrats locaux de santé, les communautés professionnelles territoriales de santé, les maisons de santé pluridisciplinaires… »
Le programme d’ESF est ouvert à l’interrégime et s’adresse à tout public. De six à huit personnes maximum bénéficient d’un cycle éducatif dédié. Il comprend trois séances «flash» d’une heure, conduites dans l’interactivité : un premier module sur la nécessité de maintenir les gestes barrières au quotidien ; un deuxième autour du confinement et de la santé environnementale à domicile, entre autres ; un troisième, optionnel, sur la gestion du stress.
Gestion du stress
« Il faut stimuler la connaissance des gestes barrières dans la population », estime le Dr Jean-Louis Deutscher. L’ETP présente sensiblement les mêmes modalités, sauf qu’il s’adresse à des personnes atteintes de maladies chroniques. « Pendant la durée du confinement, elles ont été stigmatisées, poursuit-il. On leur a demandé de ne pas sortir, de ne pas se rendre dans les cabinets médicaux. »
La première séance concerne également la gestion du stress ; les deuxième et troisième séances, optionnelles, abordent les signes, l’autosurveillance et le suivi du traitement médicamenteux. « Ces ateliers sont initialement proposés en audio ou vidéo mais les participants de l’ESF préfèrent des formules en présentiel », précise Gladys Cappella. Plus d’une trentaine de cycles ont été déployés.
Un troisième programme uniquement destiné, pour l’heure, aux assurés agricoles, est accessible aux personnes en situation de précarité : le forfait diététicien psychologue (FDS). À disposition des structures d’exercice coordonné, il propose un soutien financier pour une prise en charge nutritionnelle et/ou psychologique des patients. Dépister/tracer/isoler… mais accompagner aussi.