It’s spring, the season of deconfinement, good weather, birds singing but also oak processionary caterpillars. These insects with stinging hairs proliferate in the woods of the Grand-Est, causing great damage in the forests but, above all, pose a serious risk to the health of all its users: first of all forest workers.
Forêts du Grand-Est
Gare aux chenilles urticantes!
C’est le printemps, la saison du déconfinement, du beau temps, des oiseaux qui chantent mais aussi des chenilles processionnaires du chêne. Ces insectes dotés de poils urticants prolifèrent dans les bois du Grand-Est, provoquant de gros dégâts dans les forêts mais, surtout, font peser un risque grave pour la santé de tous ses usagers : en premier lieu les travailleurs forestiers.

#Danger #Forêt #Lorraine
Pour cette larve de papillon de nuit, les chênes, très présents dans la partie Est du pays, constituent des pouponnières et un garde-manger de choix. – © Hubert Schmuck

Pour certains le confinement risque de s’éterniser, condamnés à contempler leurs terrasses depuis l’intérieur de chez eux malgré l’été qui s’annonce radieux. Dans le Grand-Est, des personnes sont dès le mois de mai dans l’impossibilité de profiter de leur jardin ou simplement d’étendre leur linge, de partager un repas en famille ou de prendre le soleil. Des enfants ont l’interdiction de jouer à l’extérieur. Des jardiniers de jardiner. Des promeneurs de se promener. Des vététistes de pédaler. Des chasseurs de chasser. Et des travailleurs de la forêt de travailler. En cause la chenille processionnaire urticante du chêne. Les forestiers et les paysagistes qui passent le plus clair de leur vie professionnelle au pied des arbres sont en première ligne face aux assauts répétés de cet insecte à l’instinct grégaire.

Gastro-entérite, asthme, œdème cutané et urticaire localisé ou généralisé, rhinite, microthrombose vasculaire, œdème de Quincke…

En cas de contact direct avec les nids et les chenilles, des milliers de poils urticants peuvent provoquer des troubles graves

« En tant que médecin du travail à la MSA, je suis la population de l’Office national des forêts [ONF] depuis 1992, explique le Dr Patrick Allard, médecin chef du travail à la MSA Lorraine. À l’époque, on avait découvert un arbre, un seul, on m’a appelé pour aider à calmer la population qui s’inquiétait. Depuis, l’infestation n’a pas cessé de s’étendre. Aujourd’hui des forêts entières sont touchées, peut-être la moitié des massifs forestiers lorrains. La réaction la plus commune est de l’urticaire mais les personnes exposées peuvent déclarer une allergie et dans les cas extrêmes subir un choc anaphylactique dont les conséquences peuvent être dramatiques. Il y a déjà eu des morts au Canada. Nous ne sommes pas à l’abri que les mêmes causes produisent les mêmes effets ici. »

Obsession gloutonne

Ne vous fiez pas à ses longs poils blancs et soyeux qui lui donnent des reflets gris argenté au soleil couchant ni à sa façon mignonne de se déplacer en file indienne la belle saison venue. Nous sommes bien face à un ravageur implacable programmé par ses gênes pour se nourrir et se reproduire. Pour cette larve de papillon de nuit, les chênes, très présents dans la partie Est du pays, constituent des pouponnières et un garde-manger de choix. Cette chenille de lépidoptère qui au premier regard semble fragile et inoffensive, a de plus le mauvais goût de sortir armée. Lorsque quelqu’un ose l’interrompre dans son obsession gloutonne, l’insecte a la fâcheuse manie de vider les petites poches, remplies de milliers de poils urticants, qu’il trimbale sur son abdomen. Ceux-ci fonctionnent comme des harpons microscopiques. Infiniment légers, ces dards invisibles sont emportés par le vent et viennent parfois se planter dans la peau ou les muqueuses. Au moindre frottement, ils se cassent et déversent un venin qui provoque des démangeaisons très vives. Les zones de pli au niveau des articulations et les muqueuses, naturellement humides, sont les plus touchées (bouche, aisselles, yeux, etc.).

Lors des contacts directs avec les nids et les chenilles, des milliers de poils urticants peuvent provoquer des troubles graves (gastro-entérite, asthme, œdème cutané et urticaire localisé ou généralisé, rhinite, microthrombose vasculaire, œdème de Quincke). En cas de sensibilisation, la personne contaminée va généralement développer des signes allergiques de plus en plus importants à chaque contact.

Les risques peuvent se prolonger toute l’année et au-delà. Les poils restent dangereux d’autant plus longtemps qu’ils sont à l’abri de l’humidité, en particulier dans les nids tissés par les chenilles. Ils conservent leurs capacités urticantes plusieurs mois, voire 1 à 2 années après la mue des dernières chenilles.

Oak processionary moth (Thaumetopoea processionea)
It’s spring, the season of deconfinement, good weather, birds singing but also oak processionary caterpillars. These insects with stinging hairs proliferate in the woods of the Grand-Est, causing great damage in the forests but, above all, pose a serious risk to the health of all its users: first of all forest workers.

Forêts du Grand-Est
Gare aux chenilles urticantes!
C’est le printemps, la saison du déconfinement, du beau temps, des oiseaux qui chantent mais aussi des chenilles processionnaires du chêne. Ces insectes dotés de poils urticants prolifèrent dans les bois du Grand-Est, provoquant de gros dégâts dans les forêts mais, surtout, font peser un risque grave pour la santé de tous ses usagers : en premier lieu les travailleurs forestiers.

#Danger #Forêts #Lorraine
La chenille processionnaire a la particularité de vivre en colonie. – Photo : DR

« L’année dernière pendant la saison, on a coupé des chênes de propriétaires qui n’en pouvaient plus de ne pas pouvoir profiter de leur jardin », assure Raphaël Barthélémy.
Une solution radicale et un crève-cœur pour le patron de AES, une entreprise d’élagage installée à Moulins-lès-Metz. Il assure être de plus en plus sollicité par des particuliers ou le Conseil départemental de la Moselle pour retirer des nids dans les jardins, au bord des routes ou dans les cours des collèges.

Oak processionary moth (Thaumetopoea processionea)
It’s spring, the season of deconfinement, good weather, birds singing but also oak processionary caterpillars. These insects with stinging hairs proliferate in the woods of the Grand-Est, causing great damage in the forests but, above all, pose a serious risk to the health of all its users: first of all forest workers.

Forêts du Grand-Est
Gare aux chenilles urticantes!
C’est le printemps, la saison du déconfinement, du beau temps, des oiseaux qui chantent mais aussi des chenilles processionnaires du chêne. Ces insectes dotés de poils urticants prolifèrent dans les bois du Grand-Est, provoquant de gros dégâts dans les forêts mais, surtout, font peser un risque grave pour la santé de tous ses usagers : en premier lieu les travailleurs forestiers.

#Danger #Forêt #Lorraine
David Rivat a mis au point une technique respectueuse des hommes et de l’environnement pour éradiquer les nids de chenilles.

En plus des traitements biologiques, du brûlage au chalumeau ou de l’aspiration, les élagueurs possèdent dorénavant une technique supplémentaire dans leur arsenal de lutte contre les chenilles. Mise au point avec l’aide de David Rivat, conseiller en prévention des risques professionnels à la caisse d’assurance-accidents agricoles de Moselle, elle consiste à intervenir sous atmosphère humide créée avec projection d’eau depuis une nacelle à l’aide d’une lance télescopique de trois mètres. Le rideau d’eau qui se forme permet ainsi aux intervenants de retirer les chenilles ou les nids en limitant la contamination par l’envol des poils. Ces derniers sont emportés par cette pluie artificielle et retombent au sol. L’opération est suivie d’un ratissage pour ramasser les grappes tombées. Elles sont ensuite placées dans un sac étanche qui sera lui-même éliminé par brûlage. L’intervention n’exempte pas l’opérateur d’enfiler combinaisons et gants jetables, masque intégral avec cartouches filtrantes pour se protéger.

« Ça va être l’apocalypse »

« Cette technique apporte un vrai plus pour nous, se félicite Raphaël Barthélémy. C’est plus agréable de voir nos gars rentrer sans plaques rouges et avec moins d’irritations. » Tous les professionnels de l’arbre constatent une augmentation du phénomène en intensité mais aussi dans son étendue géographique. L’invasion a d’abord touché la Moselle puis toute la Lorraine, l’Alsace et maintenant la Champagne-Ardenne jusqu’au pourtour de la région parisienne et les Hauts-de-France. « Elles sévissent maintenant partout où il y a du chêne, déplore David Rivat, qui a travaillé pendant quinze ans sur le sujet, avant de rejoindre la caisse il y a deux ans. Dans le cadre de mes missions, j’ai à traiter des déclarations d’accidents de forestiers et de paysagistes devenus sensibles aux poils urticants des chenilles. Plus on est exposé, plus la sensibilité s’accroît. Pour les personnes qui se révèlent allergiques, il devient beaucoup plus compliqué de retourner travailler. Ce phénomène préoccupe non seulement les forestiers mais également les agriculteurs qui cultivent en bordure des massifs infestés. Quand je me déplace dans une forêt où sévissent les processionnaires, je le sens avant même mon arrivée, les poils très volatils flottent dans l’air. Et  quand on est piqué, les brûlures sont si fortes qu’on ne dort pas la nuit, ce qui peut augmenter encore les risques par l’accumulation de fatigue. »

incredibly hairy, toxic caterpillars
It’s spring, the season of deconfinement, good weather, birds singing but also oak processionary caterpillars. These insects with stinging hairs proliferate in the woods of the Grand-Est, causing great damage in the forests but, above all, pose a serious risk to the health of all its users: first of all forest workers.

Forêts du Grand-Est
Gare aux chenilles urticantes!
C’est le printemps, la saison du déconfinement, du beau temps, des oiseaux qui chantent mais aussi des chenilles processionnaires du chêne. Ces insectes dotés de poils urticants prolifèrent dans les bois du Grand-Est, provoquant de gros dégâts dans les forêts mais, surtout, font peser un risque grave pour la santé de tous ses usagers : en premier lieu les travailleurs forestiers.

#Danger #Forêts #Lorraine

Un constat alarmant alors qu’une grande partie de l’économie du Grand-Est repose sur la valorisation des forêts qui représentent un nombre important d’emplois. « J’ai dû déclarer des inaptitudes à l’exposition aux chenilles, confirme le Dr Allard. Ces bûcherons ont heureusement pu se reclasser dans des forêts de résineux. Mais s’il est possible d’envisager un tel changement dans une grande structure, c’est plus difficile dans une petite entreprise. Le phénomène dépasse la seule forêt et devient un véritable problème de santé publique. Lorsqu’on ferme des écoles, un centre aéré, un parc en pleine ville ou encore un centre équestre car les chevaux ont des cloques sur la gueule, c’est un problème qui nous concerne tous. »

It’s spring, the season of deconfinement, good weather, birds singing but also oak processionary caterpillars. These insects with stinging hairs proliferate in the woods of the Grand-Est, causing great damage in the forests but, above all, pose a serious risk to the health of all its users: first of all forest workers.
Les chenilles se regroupent dans des nids qu’elles tissent avec des fils de soie. Ces nids peuvent atteindre plusieurs dizaines de centimètres de diamètre. Ils sont plaqués sur l’écorce du tronc et des branches.

Devant le risque sanitaire que ces bestioles représentent, les arrêtés préfectoraux ou communaux d’interdiction d’entrer dans les massifs forestiers fleurissent en Lorraine au retour du beau temps. « Il est très important de les respecter scrupuleusement, insiste Didier Orivelle, chef du service de prévention des risques professionnels à la MSA Lorraine. Pour les forestiers, la prévention passe aussi par la connaissance des risques biologiques du cycle de reproduction de la chenille mais aussi de ses propres réactions face à elle. Il faut apprendre à intervenir quand le risque est au minimum. Le meilleur moment, c’est une journée sans vent pendant la période hivernale où il y a de l’humidité dans l’air et où les chenilles ne sont pas encore développées, quand les seuls poils présents sont ceux des nids des années précédentes. Mais à un moment donné, il faut savoir ou pouvoir dire stop et ne plus s’exposer car il y a un risque vital pour le bûcheron. D’ici quinze jours, dans certaines parcelles très infestées, ça va être l’apocalypse, elles vont commencer leur procession.

It’s spring, the season of deconfinement, good weather, birds singing but also oak processionary caterpillars. These insects with stinging hairs proliferate in the woods of the Grand-Est, causing great damage in the forests but, above all, pose a serious risk to the health of all its users: first of all forest workers.

Forêts du Grand-Est
Gare aux chenilles urticantes!
C’est le printemps, la saison du déconfinement, du beau temps, des oiseaux qui chantent mais aussi des chenilles processionnaires du chêne. Ces insectes dotés de poils urticants prolifèrent dans les bois du Grand-Est, provoquant de gros dégâts dans les forêts mais, surtout, font peser un risque grave pour la santé de tous ses usagers : en premier lieu les travailleurs forestiers.
incredibly hairy, toxic caterpillars

#Danger #Forêt #Lorraine
« Il est important de respecter scrupuleusement les arrêtés d’interdiction d’entrer dans les massifs forestiers », insiste Didier Orivelle, chef du service de prévention des risques professionnels de la MSA Lorraine. – © Alexandre Roger/Le Bimsa

Dans les forêts touchées, le chant des oiseaux a été remplacé par le bruit de la chenille qui mange les feuilles. « On a l’impression que c’est toute la forêt qu’elles sont en train d’avaler. Avec la défoliation qui suit leur passage, on a une vision d’automne alors qu’on est en plein été. »

Didier Orivelle alerte également sur le fait que sa cousine la processionnaire du pin arrive aux portes du Grand-Est. Elle attaque par le Sud. « Elle est déjà très présente dans l’Aube et en Haute-Marne. Les peuplements de pins des anciennes zones de guerre, nombreuses en Lorraine, constituent un terrain très favorable de prolifération pour ces chenilles. Les conditions sont dorénavant réunies pour qu’elles s’épanouissent également chez nous. »

incredibly hairy, toxic caterpillars
Forêts du Grand-Est
Gare aux chenilles urticantes!
C’est le printemps, la saison du déconfinement, du beau temps, des oiseaux qui chantent mais aussi des chenilles processionnaires du chêne. Ces insectes dotés de poils urticants prolifèrent dans les bois du Grand-Est, provoquant de gros dégâts dans les forêts mais, surtout, font peser un risque grave pour la santé de tous ses usagers : en premier lieu les travailleurs forestiers.

#Danger #Forêt #Lorraine
La chenille processionnaire du chêne, thaumetopoea processionea, est une espèce de lépidoptères (papillons) appartenant à la famille des Notodontidae et à la sous-famille des thaumetopoeinae. © Hubert Schmuck
incredibly hairy, toxic caterpillars
Forêts du Grand-Est Gare aux chenilles urticantes! C’est le printemps, la saison du déconfinement, du beau temps, des oiseaux qui chantent mais aussi des chenilles processionnaires du chêne. Ces insectes dotés de poils urticants prolifèrent dans les bois du Grand-Est, provoquant de gros dégâts dans les forêts mais, surtout, font peser un risque grave pour la santé de tous ses usagers : en premier lieu les travailleurs forestiers. #Danger #Forêts #Lorraine
It’s spring, the season of deconfinement, good weather, birds singing but also oak processionary caterpillars. These insects with stinging hairs proliferate in the woods of the Grand-Est, causing great damage in the forests but, above all, pose a serious risk to the health of all its users: first of all forest workers.

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