Jeux en bois géants, jardin thérapeutique, ateliers créatifs, bien-être, chorale, loto, dégustations, médiation animale, démonstrations de vieux métiers, retour dans les années 1970, sans oublier les lamas de Jérôme… Une journée des plus stimulantes pour les visiteurs et résidents des Marpa qui ont participé à cet événement fédérateur. Les animations ont attiré un millier de curieux, une première dans le département. Résidents, salariés, 140 bénévoles, quatre lamas, un chien et un cochon d’Inde étaient mobilisés.

16 résidences sont labellisées Marpa dans le département de l’Ain.

Avec ses 16 résidences, qui accueillent environ 400 personnes, l’Ain est le deuxième département français, derrière la Vendée, pour le nombre de Marpa. Et il ne compte pas s’arrêter là puisque six autres sont en projet. Soutenu par le conseil départemental et la MSA Ain-Rhône, ce réseau est également animé par une association qui organise notamment des événements pour entretenir les liens. Ce 21 septembre était l’occasion de donner un grand coup de projecteur sur ces résidences autonomie du territoire.

Sport et douceur

Revêtues de leurs plus beaux atours, y compris d’un soleil digne d’une belle journée d’été, les équipes ont choisi un thème et des animations montrant leur ancrage dans le tissu local et les nombreuses activités auxquelles participent toute l’année les seniors « marpiens ».

À Montracol, les stars locales Carlito, Hermès, Qauhtli et Sully ont fait le déplacement à la Marpa La Valette, doyenne du réseau. Non, ils ne poussent pas la chansonnette. La spécialité de ces camélidés, ce sont les câlins. Venus tout droit des Andes, ces mammifères tout bouclés, injustement affublés d’une réputation de mauvais caractère, ont fait l’unanimité et charmé les visiteurs de tout âge. Les lamas de Jérôme visitent en effet des lieux qui accueillent des personnes avec un handicap ou en perte d’autonomie pour faire de la médiation animale.

« L’une de nos résidentes a fait un AVC, et n’arrive plus à se verticaliser. Mais avec le lama, elle y parvient, c’est incroyable », souligne Isabelle Ferret, directrice de la Marpa, qui a tout de suite adhéré au projet de Jérôme Tragus, diplômé en zoothérapie. Ce passionné, propriétaire de six lamas, a créé son association, Lam’ain tendue, au printemps 2018. « C’est un animal atypique qui interpelle, explique-t-il. Je viens ici tous les quinze jours. On fait des parcours d’agilité pour travailler la mobilité à l’aide de fiches techniques individualisées en fonction des besoins des résidents. On voit de réelles progressions après plusieurs séances. Je travaille beaucoup à créer du lien, de l’échange, de l’apaisement. On passe des moments extraordinaires ! » Rose, résidente depuis six mois, confirme tout sourire : « On les promène, on les brosse… J’aime bien, car ils sont beaux. » Bien connus des Marpa du territoire, les lamas deviennent peu à peu leurs mascottes.

La médiation animale, ce n’est pas qu’avec les lamas. À Pont-de-Vaux, plus au nord, la mascotte, c’est Luciole. Moins exotique mais tout aussi efficace, cet adorable chien de berger Border collie, venu avec ses compères cochons d’Inde, contemple la gueule grande ouverte les nouvelles installations sportives de la Marpa de La Verchère.

Laurence Paccoud, directrice, et l’association gérante ont profité de l’occasion pour inaugurer leur parcours d’activité flambant neuf, un projet lauréat du deuxième prix de l’innovation Marpa 2019. « Le médecin de notre association nous a aidés à choisir les agrès pour faire fonctionner les différents membres et ainsi prévenir le risque de chute. Il y a le pédalier, pour les jambes, la passerelle pour la marche et l’équilibre, la barre d’adresse avec différents poids, la manivelle haute et basse, et un plateau d’équilibre. » Un équipement digne d’une salle de sport tendance, installé dans le jardin. Le but est aussi d’inciter les personnes à sortir.

400 personnes vivent dans les Marpa du territoire.

La culture paysanne à l’honneur

À quelques kilomètres de là, à la Marpa La Reyssouze, tout le monde s’active pour une autre animation : les bénévoles de l’association Ventres jaunes s’installent pour un spectacle de chant et danses bressanes. En attendant, vous reprendrez bien un petit café d’orge avec votre tartine de fromage fort (une expérience culinaire à faire une fois dans sa vie) ?

Stéphane Constant-Martins, le directeur, et son équipe ont recréé un village d’antan, menu et costumes compris, avec l’aide d’un collectif local : une reconstitution complète allant des bancs d’école à la vannerie, en passant par les métiers à tisser, les gaufres et les tracteurs à l’ancienne… « Nos résidents ont connu tout cela. Ça fait remonter des souvenirs », assure le directeur.

Côté nostalgie, la Marpa La Chènevière n’est pas en reste. Direction les années 1970 pour finir cette journée colorée en beauté à Saint-Denis-lès-Bourg, près de Bourg-en-Bresse. Outre la déco vintage, l’exposition de voitures anciennes a attiré du monde dans cette résidence périurbaine. Les moteurs vrombissent toute la journée, avant de laisser la place au DJ pour une soirée dont les résidents se souviendront longtemps. Comme le dit si bien Isabelle Ferret, « pour que dans le mot “vieux” on entende avant tout le mot “vie” ».


Découvrez les images de la journée :


Sophie Gilliot, (à gauche), directrice de la Marpa La Chènevière, à Saint-Denis-lès-Bourg.

Faire découvrir la Marpa autrement, d’une façon plus légère, moins liée au vieillissement, et être ensemble.

C’est une journée qui change du
quotidien, une autre façon de présenter notre métier, une autre dynamique. Ça permet aussi de croiser des personnes qu’on ne voit pas souvent, et d’amener un autre public car c’est ouvert à tous.
C’est tout naturellement qu’on a voulu jouer le jeu. Nous avons choisi le thème vintage pour cette journée car je suis une fille des années 70 et j’aime beaucoup cette ambiance. Nous avons rassemblé quelques belles voitures de collection et de nombreux objets d’époque. L’un de nos résidents a gentiment accepté que son appartement soit relooké aux couleurs des années 1970.
Nous avons également invité notre partenaire, Tremplin, une association de réinsertion professionnelle de Bourg-en-Bresse, qui récupère et remet en vente de nombreux objets et vêtements provenant de vide-maisons ou de dons. Une bonne façon de se rattraper après l’annulation, pour cause de pluie, de notre grand vide-grenier annuel.

Notre réseau départemental s’est constitué fin 2009.

On se connaît bien, les directrices
(le féminin prime car il n’y a qu’un seul directeur !) se rencontrent régulièrement pour échanger, partager sur ce qui va mieux, ou moins bien, sur ce qu’on peut arranger… Elles s’occupent de leur équipe, du restaurant, des résidents, il faut avoir aussi de bons contacts avec les familles… C’est important de les soutenir dans ce travail. C’est pour cela que nous avons créé cette association en 2009, qui les accompagne et mène diverses actions en formation, animation, communication ou ingénierie de projet.
Nous sommes très soutenus par le conseil départemental, qui finance également à moitié notre référent Marpa, Guillaume Verne, employé MSA dont le travail est important pour fédérer notre réseau. Comme pour cette opération du 21 septembre, qui nous permet, grâce aux nombreuses activités organisées pour l’occasion, de faire connaître le concept des résidences autonomie, au grand public. Car on est tous concernés, un jour ou l’autre.

Marcel Pépin, président de l’association départementale des Marpa et de la résidence Plain-Champ à Saint-Étienne-du-Bois.
Photos : © Marie Molinario/le Bimsa
(sauf mentionné).